Avec un grand-père musicien, un père accordéoniste à ses heures perdues, une mère et une sœur aînée choristes de paroisse catholique, Frédéric Désiré Ehui alias Meiway avait un boulevard tout tracé vers la destination musique. Et c’est tout naturellement qu’entre 9 et 16 ans, il commence à chanter à la gloire de Dieu, comme sa mère et sa sœur aînée.

Pendant ses années collège, le jeune Meiway se lie d’amitié avec un membre de pace, le groupe musical du collège. A force d’assister aux répétitions, il finit par remplacer un des choristes et à toucher aux percussions. Outre les pace, Meiway devient membre de plusieurs autres jeunes orchestres dont Lynx Groupe. Mais c’est la piste du groupe pace qui mène Meiway à sa toute première compétition musicale, en 1978. Le groupe est classé second à podium (concours de jeunes orchestres de la Télévision ivoirienne) cette année là.

Malheureusement pace se disloque à la suite des querelles sur la répartition des lots de podium 1978. Mais à quelque chose, malheur est bon, dit-on. Meiway part créer son propre groupe qu’il nomme les génitos. Un nom qui est  un joli clin d’œil à l’actualité sociale du moment, une lutte des classes des classes entre les grotos (les nantis) aux génitaux (les pauvres). En 1981, c’est la consécration pour Meiway et son groupe.

Apres ce succès, les tournées se multiplient pour Meiway et son groupe. Mais 1985, Meiway qui était alors un grand espoir de la musique  ivoirienne décide de partir en France, pour y approfondir ses connaissances musicales. Là-bas, il monte un nouveau groupe, Défense d’Ivoire, composé notamment de musiciens africains, algériens, et français. Avec ce groupe il remporte le prix du club parisien l’Excalibur.

Pendant son séjour hexagonal, Meiway travaille dans une station service pour assurer ses fins de mois. Musicalement et financièrement, les choses se décantent véritablement pour lui quand il devient gérant de la station. Il peut alors économiser et obtenir un prêt bancaire pour financer son premier album. Ayibebou sort en 1989. Un disque sur lequel Meiway donne les prémices de son style musical : le zoblazo, un savant brassage de différents folklores du groupe akan originaire du sud de la côte d’ivoire. Le zoblazo, c’est aussi un rythme basé sur des percussions qui se danse avec les mouchoirs blancs.

Le succès  de ce tout premier disque est immédiat. Dès lors Meiway ne s’arrête plus. Il s’impose le rythme « infernal » d’un album tous les deux ans. Au fil des années, l’inflation du zoblazo n’a  fait que croître pour atteindre 900% zoblazo, le dernier album en date de l’artiste. Le verbe parfois incisif et la rythmique incandescente de Meiway sont connus des quatre coins du continent  et bien au-delà. Mieux, malgré les années qui passent, Meiway continue à justifier chaque fois sa réputation de showman capable d’enflammer toutes les pistes de danse. En témoigne les très nombreuses sollicitations dont il est l’objet.

Mais la vie d’un artiste n’est pas un long fleuve tranquille. La prise de position, courageuse, de Meiway contre le piratage des œuvres musicales en Côte d’Ivoire lui avait valu quelques soucis. Mais il en faut plus pour déstabiliser le génie de kpalèzou et son formidable talent. La preuve à l’édition 2007 de l’Abissa (fête du nouvel an chez  les N’zima kotoko) Meiway a été fait ambassadeur. A charge pour lui de représenter, de vendre la culture N’zima à travers le monde. Une charge qui aux dire de Meiway, lui-même, l’oblige à être « très très fort ».